L’abandon : Quand le lâcher-prise devient une illusion d’attachement

📜 "L’abandon est un exil intérieur, une errance sans fin à la recherche de l’autre." - La Solitude

Et si c'était vous ?

Sarah, 37 ans, est venue me consulter après avoir enchaîné plusieurs relations BDSM qui la laissaient toujours avec un sentiment d’abandon intense. Elle me racontait comment elle cherchait, à travers la soumission, une forme d’attachement profond et exclusif. Pourtant, à chaque fin de relation, elle ressentait une douleur déchirante, une sensation d’abandon absolu, accompagnée d’idées noires, du sentiment de n’être rien et de ne servir à rien.


En écoutant son histoire, j’ai découvert que Sarah avait été élevée seule par une mère débordée par la situation et absente émotionnellement, tandis que son père était parti avec une autre femme quand elle avait seulement 4 ans.
Et pourtant, Sarah était persuadée d’avoir "fait la paix" avec son passé, convaincue d’avoir assimilé et assumé ces blessures depuis longtemps… Vraiment ? 🤔


⚠️ Le risque ? Sarah recherchait, à travers la soumission, une forme d’attachement intense et exclusif. Son besoin n’était pas seulement d’explorer le BDSM pour le plaisir, le contrôle ou la dynamique de pouvoir, mais de combler un vide affectif profond lié à sa blessure d’abandon. Elle pensait inconsciemment que si elle était "sans limites" dans son rôle de soumise, elle pourrait obtenir un amour inconditionnel et éviter l’abandon. Elle donnait tout à son Dominant, parfois même au détriment de ses propres besoins, croyant que cette dévotion lui garantirait une sécurité affective absolue et de ne pas être abandonnée.


Abandon : lâcher prise, attachement ou illusion ?

La peur de l’abandon a été largement étudiée par John Bowlby, père de la théorie de l’attachement (Attachment and Loss, 1969), en étudiant le lien entre les enfants et leurs figures parentales. Selon lui, un attachement insécure, souvent causé par une disponibilité émotionnelle instable des parents, peut entraîner une peur chronique de l’abandon en grandissant. Cette insécurité affective pousse certain·es à rechercher constamment des signes de réassurance dans leurs relations, parfois au détriment de leur autonomie. Bowlby a démontré que ces schémas d’attachement influencent profondément les comportements amoureux et sociaux, créant des cycles de dépendance affective.

En thérapie, comprendre son style d’attachement permet de briser ces répétitions et de construire des relations plus saines.

En BDSM, le lâcher-prise et la soumission sont parfois des manières d’explorer cette peur dans un cadre sécurisé. Mais cette dynamique peut aussi conduire à des formes de dépendance affective si elle n’est pas conscientisée.


1. Comment la peur de l’abandon influence les dynamiques BDSM ?

Certaines personnes ayant vécu un attachement insécure peuvent inconsciemment chercher dans le BDSM une solution à leur peur de l’abandon. Dans 2 directions opposées :


1.1. La soumission comme recherche d’un attachement indéfectible

Pour certain·es soumis·es, appartenir à un·e Dominant·e est un moyen de se sentir lié·e à quelqu’un sans peur d’être rejeté·e. Dans une dynamique D/s (Domination/soumission), les contrats, les rituels et l’engagement explicite peuvent donner l’illusion d’un lien inébranlable.

Exemple concret :

  • Sarah, après des années de relations instables, a découvert le BDSM et s’est sentie immédiatement attirée par les contrats de possession et d’exclusivité. Dans une relation 24/7, elle pouvait enfin croire à une forme d’engagement absolu. Pourtant, dès que son Dominant s’éloignait un peu, elle ressentait une angoisse dévorante, comme si elle redevenait cette petite fille que ses parents laissaient seule trop souvent.

⚠️ Le risque ?
Si la relation est saine, elle peut être réparatrice. Mais si la peur de l’abandon prend le contrôle, la personne soumise peut tout accepter pour ne pas être "abandonnée", au point de nier ses propres limites et besoins.


1.2. La domination comme moyen de ne plus jamais être abandonné·e

Certaines personnes, au contraire, prennent le rôle de Dominant·e pour éviter d’être dans la position de celle ou celui qui pourrait être abandonné·e. En gardant le contrôle sur la relation, en imposant des règles strictes ou en maintenant une certaine distance émotionnelle, elles cherchent à ne plus jamais revivre la douleur de la séparation.

Exemple concret :

  • Antoine, 45 ans, a toujours souffert des départs successifs de ses figures parentales dans l’enfance. Devenu Dominant, il fixe des règles très précises pour ses partenaires soumises, y compris des sanctions en cas de "manque de discipline". Pourtant, il ne s’attache jamais réellement et évite toute relation émotionnelle profonde, par peur d’être lui-même blessé.

⚠️ Le risque ?
Si cette dynamique est inconsciente, la domination peut devenir un moyen de se protéger plutôt qu’une exploration authentique du pouvoir et du contrôle. Certain·es dominant·es peuvent ainsi manipuler ou tester leurs partenaires pour s’assurer qu’elles restent attachées, mais sans jamais s’engager pleinement.

2. Quelques biais psychologiques en jeu

🔍 Le biais de négativité (Baumeister et al., 2001) : Les expériences émotionnelles négatives marquent plus profondément notre cerveau que les positives. Ainsi, une personne ayant vécu un abandon peut inconsciemment chercher à recréer cette situation pour tenter d’en changer l’issue. Dans le BDSM, cela peut se traduire par un choix involontaire de partenaires instables ou émotionnellement distants, renforçant le schéma initial.


🔍 Le biais de la dépendance affective : Certaines personnes ayant une blessure d’abandon peuvent percevoir le BDSM comme le seul cadre où un lien profond et structurant est possible, ce qui les pousse à s’y investir de manière excessive. Elles peuvent alors accepter des relations déséquilibrées, où leurs besoins émotionnels sont négligés, tant qu’elles conservent un sentiment d’appartenance et de connexion. Cette dépendance affective peut mener à une tolérance aux comportements toxiques, comme la manipulation ou le chantage émotionnel, par peur d’être rejeté·e.


🔍 Le biais de la répétition traumatique : Freud parlait de la compulsion de répétition : notre psyché rejoue inconsciemment des scénarios douloureux, comme une tentative irrationnelle d'en maîtriser l’issue. Une personne ayant vécu un abandon dans l’enfance peut ainsi être attirée par des partenaires instables ou distants, cherchant à recréer cette situation pour enfin "mériter" qu’on ne l’abandonne pas. Cette répétition s’ancre profondément dans le fonctionnement affectif et peut se manifester dans les dynamiques BDSM, notamment dans les relations D/s. Par exemple, une personne soumise pourrait rechercher un·e Dominant·e froid·e et imprévisible, espérant inconsciemment inverser le schéma initial en prouvant sa valeur et en obtenant enfin la constance affective qui lui a manqué. Pourtant, cette quête est souvent vouée à l’échec si elle n’est pas conscientisée, car elle maintient la personne dans un cycle de souffrance plutôt que de guérison.

3. Comment éviter que cette peur de l’abandon ne guide inconsciemment votre relation BDSM ?

✅ 3.1. Comprendre l’origine de cette peur

Se poser les bonnes questions permet d’éclairer ses choix et ne pas retomber dans un schéma répétitif toxique :

1. Mes relations BDSM me sécurisent-elles réellement ou renforcent-elles ma peur d’être abandonné·e ?
2. Ai-je tendance à accepter trop de choses par peur que mon/ma partenaire me quitte ?
3. Est-ce que j’utilise mon rôle (soumis·e ou dominant·e) pour combler une peur d’abandon que je n’ai pas traitée ailleurs ?

👉 Si certaines réponses vous interpellent, il peut être intéressant de creuser ces questionnements avec un thérapeute ou une personne avisée.


✅ 3.2. Développer une sécurité émotionnelle en dehors du BDSM

L’objectif n’est pas de fuir le BDSM, mais d’y entrer avec une pleine conscience de soi. Quelques pistes :

  • Travailler sur l’attachement et les blessures émotionnelles avec un thérapeute spécialisé (PNL, hypnose, thérapies comportementales, sexualité alternative).
  • Renforcer son estime de soi pour ne plus dépendre uniquement de l’approbation d’un.e partenaire BDSM.
  • Apprendre à poser des limites claires, même face à une personne dominante ou soumise qui se met en danger .


✅ 3.3. Choisir des partenaires bienveillant·es et équilibré·es

Un.e Dominant.e sain.e ne joue pas avec la peur de l’abandon, mais offre un cadre rassurant et respectueux.
Un.e soumis·e conscient·e de cette blessure ne se jette pas dans une relation par besoin d’être "sauvé·e" mais par envie d’exploration.

👉 Un bon test : Observez comment votre partenaire réagit lorsque vous exprimez une insécurité ou un besoin. Vous encourage-t-il/elle à communiquer ouvertement et à poser vos limites, ou au contraire, minimise-t-il/elle vos ressentis et vous pousse-t-il/elle à les ignorer ?

Conclusion : BDSM et peur de l’abandon, un attachement à dénouer

Le BDSM peut offrir un cadre sécurisant pour explorer ses blessures, mais il ne doit pas devenir un moyen inconscient de rejouer des schémas douloureux. Lorsqu’une peur de l’abandon guide inconsciemment les choix, elle peut engendrer des relations de dépendance affective ou des besoins de contrôle excessifs. Prendre conscience de ses blessures permet d’aborder le BDSM comme une démarche d’exploration saine plutôt que comme une tentative de réparation émotionnelle. L’objectif n’est pas d’éviter ces dynamiques, mais de s’assurer qu’elles sont vécues dans un cadre équilibré et consenti. Se connaître soi-même est la clé pour que le BDSM soit une véritable source d’épanouissement plutôt qu’un terrain de répétition inconscient du passé.

🎯 L'objectif est de souligner l'importance de la prise de conscience de ses schémas inconscients pour éviter que la peur de l'abandon ne mène à des relations déséquilibrées, marquées par la dépendance affective ou le besoin excessif de contrôle.


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Ecrit par

Olivier Pairon

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