Le Consentement à soi-même : La liberté paradoXale

D'un point de vue philosophique, le consentement à soi-même est un acte de liberté radicale. Ce concept de liberté ne se résume pas à la simple absence de contraintes externes, mais repose sur un choix profond, sur une capacité à s’accepter pleinement dans toutes nos dimensions, y compris les plus contradictoires, les plus intimes et parfois les plus socialement réprouvées. Le consentement à soi-même, dans ce sens, dépasse la simple acceptation de son identité ; il implique une volonté active de vivre selon ses propres règles, en harmonie avec ses désirs, ses valeurs et ses aspirations.

L'Authenticité : Le choix de soi-même

L'Authenticité : Le choix de oi-mêmessif ; c’est un choix constant, un engagement quotidien à rester fidèle à soi-même, même face à des normes sociales qui nous incitent à conformer nos comportements et nos désirs aux attentes collectives. Ce choix d’authenticité est fondamental dans le BDSM, où les pratiques peuvent se situer en dehors des conventions sociales habituelles.

Accepter son propre désir de soumission, de domination, ou encore de mise en scène de la douleur ou de l’humiliation, implique de surmonter des jugements extérieurs. Mais avant tout, cela nécessite une acceptation totale de soi, dans la compréhension que nos désirs sont valides, peu importe leur caractère marginal ou subversif. Cette démarche est une forme de rébellion, une réappropriation de notre corps, de nos sensations et de nos choix. C’est choisir de vivre selon une conception du soi qui échappe à la normalisation de la société, en refusant de cacher ou de réprimer des parts de soi.

Exemple philosophique :
Dans la pensée existentialiste, Sartre évoque l'idée que l’homme est condamné à être libre, ce qui signifie qu’il doit toujours faire face à la responsabilité de ses choix. Cela implique qu’accepter ses désirs les plus profonds, y compris dans un cadre BDSM, c’est accepter une forme de liberté totale, et assumer pleinement les conséquences de cette liberté.

Le consentement à soi, dans le cadre du BDSM, permet d’aller au-delà des règles sociales qui définissent ce qui est « acceptable » ou non. Dans une société où la sexualité et les rapports de pouvoir sont souvent normés (par exemple, à travers l’hétérosexualité monogame, l’absence de douleur, ou la notion de « douceur » dans les relations), le BDSM propose une forme de libération des dogmes sociaux. Cela revient à défaire les chaînes que l’on nous impose à travers des constructions sociales, des moralités, et des idéologies collectives sur ce qui constitue une sexualité « saine » ou « normale ».

Dans le BDSM, la douleur, la soumission, la domination, l’humiliation, ou encore la dégradation ne sont pas vues comme des aberrations, mais comme des formes d’expérience volontairement choisies et négociées. Cette réconciliation avec nos désirs les plus enfouis représente un acte de liberté absolue. En ce sens, le consentement à soi-même devient un acte d’affranchissement des attentes externes et une forme d’autodéfinition.

La Singularité du Désir : La Liberté d’Être

L’authenticité et l’affranchissement passent également par l'acceptation de notre singularité. Chaque individu est un univers en soi, avec des désirs, des besoins, et des fantasmes qui lui sont propres. L’acceptation de cette singularité est une liberté de ne pas se conformer aux attentes sociales ou familiales. Le consentement à soi-même devient donc une manière de valoriser et de célébrer ce qui nous rend unique.

Ce processus philosophique rejoint celui de Michel Foucault qui, dans ses travaux sur le pouvoir et la sexualité, parle de la manière dont la société exerce un contrôle sur les individus à travers des normes et des représentations. Toutefois, dans le BDSM, ce contrôle peut être retourné, car il permet une forme de réappropriation du pouvoir personnel, où l’individu devient le seul maître de son expérience. Loin de se soumettre à une norme sociale, l’individu, en choisissant d’explorer des pratiques considérées comme marginales, exerce une forme de liberté individuelle, un acte qui est pleinement consenti et choisi en conscience.

La Responsabilité de Choisir

Le consentement à soi-même est également lié à la responsabilité de nos choix. Ce n’est pas simplement un « accord » donné, mais une prise de pouvoir sur notre vie, une volonté de prendre la pleine responsabilité de ce que nous sommes et de ce que nous faisons. Philosophiquement, cela rejoint la notion d’authenticité de l'existence, chère à des penseurs comme Heidegger ou Nietzsche, qui insistent sur l'importance de vivre selon nos propres principes, loin des diktats sociaux.

Dans le BDSM, accepter de s’abandonner à une dynamique de pouvoir — qu’il s’agisse de soumission ou de domination — demande une énorme prise de responsabilité. On ne se soumet pas passivement ; on choisit, en pleine conscience, d'accepter ou d’exercer un pouvoir, de jouer avec des dynamiques qui, bien que souvent perçues comme « déviantes », sont en réalité des expressions de liberté choisie.

Dans le BDSM, philosophiquement, le consentement à soi est bien plus qu’une formalité. C’est une déclaration de liberté. La liberté de choisir ses désirs, d'accepter sa propre singularité, d'affranchir son corps et cérébral des contraintes sociales, et de se réapproprier sa sexualité.
Cela implique d’aller à l'encontre des jugements externes et de faire le choix radical de vivre authentiquement, de s’accepter dans la totalité de notre être. Le consentement à soi-même, dans ce contexte, est le premier acte de liberté absolue, et il est le fondement de toute relation consensuelle, notamment dans le BDSM. C’est dans cette liberté que réside la véritable puissance de l’individu, qui choisit non seulement ce qu’il veut faire, mais qui il veut être.