Diane Killer - Le Needle Art au delà des apparences

"Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait."

Diane KILLER, de Fil en Aiguilles

Diane Killer est une dominatrice française reconnue pour son expertise dans les pratiques BDSM techniques et son approche profondément psychologique et humaine du métier. Elle est également une figure médiatique influente, formatrice, conférencière, chroniqueuse et performeuse artistique, se produisant régulièrement en France et en Europe.

Passionnée et exigeante, elle sélectionne rigoureusement les personnes avec qui elle travaille, privilégiant celles qui partagent sa vision authentique du BDSM.

Son parcours l’a menée bien au-delà du simple rôle de dominatrice en donjon, puisqu’elle collabore aujourd’hui avec divers prestataires et artistes pour des projets audacieux mêlant BDSM, art et intellect. Son travail, ancré dans une démarche artistique et humaine, en fait une référence incontournable dans le monde du fétichisme et du BDSM en France.

Aujourd’hui son travail tourne autour d’une spécialité singulière qui est l’aiguille (Needle play), elle anime des workshops et établit des records dans des conventions. Son donjon, désormais un laboratoire de créations vivantes, n’accueille que des profils rares et triés sur le volet.

Interview ParadoXe ...


Quelle est votre définition personnelle de la liberté dans le BDSM, votre activité ou dans la vie en général ?

Pour moi le BDSM est un espace de liberté dans le sens où chacun peut expérimenter ce qui lui convient et se tester dans ses libres choix, c’est une récréation pour le coeur et l’esprit, mais aussi un laboratoire à révélations de soi. Pour mon activité, étant entrepreneur, je me sens déjà libre. C’est certain, je n’étais pas faite pour la hiérarchie d’une entreprise, même si j’ai bien sûr travaillé en CDD et CDI auparavant. Ma liberté, c’est de pouvoir travailler sur de nombreux projets mélangeant créativité, social et BDSM.


Pensez-vous que le BDSM permet de mieux comprendre le sens de la vie ou l'humain dans sa globalité ? Pourquoi ?

Oui bien sûr, c’est à mon sens un miroir de l’autre et de soi. C’est très souvent un propulseur d’émotions et un relais identitaire pour beaucoup (du moins parmi mes soumis ). Ceci ne reste que mon avis évidemment. J’ai souvent observé que les personnes se confient beaucoup et expriment des choses qu’ils ne feraient pas dans leur vie vanille. On y trouve les travers, les joies, les peines, les secrets enfouis. Tout ceci passe par le jeu cérébral et le jeu du corps, ce sont des médiums puissants.

Y a-t-il une philosophie ou une pensée qui influence profondément votre manière d’aborder ce que vous faites ?

En séance : Révéler, écouter, observer, développer. Mon activité aujourd’hui est très variée, la simple séance n’est plus forcément le cœur du réacteur, il y a tout le reste comme les shows, les livres, les workshops, les évènements. Alors je pense que c’est la transmission, le rêve aussi, le partage indéniablement.

Comme plusieurs éléments qui dans une recette de cuisine feraient un joli gâteau de bonheur.

Quel est, selon vous, le plus grand paradoxe philosophique dans vos pratiques, et comment le vivez-vous personnellement ?

Le médical play et sa froideur, alors que je suis plutôt rigolote et chaleureuse. Le paradoxe est là. J’utilise des outils froids et durs, les aiguilles par exemple. Avec cette pratique, je viens finalement dessiner des motifs ronds, colorés, chatoyants, comme des mandalas. C’est étrange de pratiquer une douleur aussi particulière, et de la répéter par centaines, comme un mantra, une trans partagée à deux pendant des heures pour embellir un corps. C’est un voyage paradoxal, car entre le visuel final, la sensation tout du long de la séance et l’outil en lui même, tout n ‘est que contradiction. Mais il y a du sens pour nous.

Si vous deviez choisir une citation ou une phrase philosophique qui illustre votre vision de votre activité, quelle serait-elle ?

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »

Comment percevez-vous votre rôle ou votre place dans la communauté BDSM ?

Je ne sais pas si j’ai un rôle pour la communauté, je trouverais cela prétentieux de m’en donner un, en fait. J’en ai un pour mes soumis, oui. J’aime beaucoup apprendre aux autres en workshops, transmettre ma passion en performance avec des groupes, par exemple sur une toile 3D en cellophane, faire du beau et de l’intense ensemble. Du coup, ce n’est pas mon rôle, c’est notre rôle à tous dans ce moment-là. J’ai été très active dans la communauté, mais par plaisir, pas forcément pour avoir un rôle.

Avez-vous déjà ressenti un conflit entre vos pratiques BDSM et les attentes de la communauté ?

Oui bien sûr, le needle art n’a pas toujours été compris, car il n’impose aucun protocole ni aucun comportement hiérarchique avec le D/S. Comme peu de gens connaissent cette adrénaline de tenir des heures avec des centaines d’aiguilles, le passage à vide lorsqu'on les retire, ils n’imaginent pas forcément l’endurance, le cérébral que cela demande. Pourtant, c’est très puissant. Aujourd’hui, c’est devenu plus courant comparé à il y a quelques années. Les gens commencent à en faire un peu partout et je pense que d’autres pourraient aussi en parler. Ce n’est pas parce que le « joli » passe en premier que l’on doit oublier le chemin du receveur.

Comment expliquez-vous ou partagez-vous vos choix avec des personnes extérieures à cet univers ?

A travers mes livres et certaines conférences que j’ai faites pour le CJD. En ce qui concerne les amis vanilles, ils s’arrêtent souvent sur l’aspect performance artistique et restent pudiques sur les questions d’ordres sexuels. Quelque part, cela me va bien. Il y a aussi des sujets qu’on m'a mainte fois posés sur la table et je suis souvent lassée de répondre et de répéter les mêmes choses. Quand cela dérange, ou n’éveille qu’une curiosité pas si saine, on change de sujet simplement. Ce que les gens vanilles savent autour de moi, c’est que j’aime profondément ce BDSM-là, que j’ai choisi de pratiquer des métiers qui me passionnent, que je donne toute mon énergie pour ceux-ci et que je ne souffre absolument pas de vivre dans cet univers qu’ils pourraient ne pas comprendre. C’est mon équilibre.

Quel regard portez-vous sur la manière votre activité est représentée dans les médias ou perçue par le grand public ?

Et bien, j’ai un peu souffert du « clic » à scandale, de l’audience au « woaaah » au premier reportage qui avait fait des millions de vues sur Facebook, News et la RTBF. On m’a beaucoup reconnue la première année, un peu partout et tout le temps, mais de façon très variable. Parfois, on me dévisageait pour ricaner et chuchoter « c’est la fille du reportage », mais à d’autres moments, ça a aussi été très agréable, car des gens venaient me féliciter pour mon courage. La communauté BDSM a apprécié la façon dont j’ai défendu notre univers, surtout les TDS et les dominas. Aujourd’hui, des interviews, j’en ai fait beaucoup pour différents médias et rien ne change, il y aura toujours des puritains étriqués du cerveau qui cracheront et vociféreront sur le sujet, et d’autres gens ouverts qui apprécieront. Finalement, si on accepte la médiatisation, il faut être prête à tout assumer. Ce n’était pas si simple au départ, mais à force, une armure s’est créée et je suis beaucoup moins atteinte par les critiques. Aujourd’hui, quand on me reconnaît, j’affiche le même comportement, quelque soit la réaction de la personne en face, un immense sourire et un clin d'œil, ça perturbe et fait taire les vociférateurs. Ils ne s’attendent pas à cette nonchalance que je surjoue, pour en réalité me protéger de leur agressivité. Cela les décontenance et finalement, là encore, je domine (rire 😂).

Depuis vos débuts dans l’univers BDSM, qu’avez vous remarqué comme changements et évolutions dans notre communauté et ses interactions sociales ?

La démocratisation ! C’est devenu très « normal », très accepté et presque à la mode ! Les termes importants sont partout, et tant mieux ! La bienveillance, le social time, l’aftercare, les workshops sont devenus un seul drapeau, et ça c’est important ! C’est devenu beaucoup plus sain, sécurisé et transmis, cette génération change le BDSM en bien ! Le BDSM n’est plus réservé aux riches ou à une communauté cachée élitiste, et tant mieux ! Les courants sont variés et différents, mais l’acceptation d’un tout et le non jugement est quelque chose que l’on entend dans presque toutes les bouches !

Qu’est-ce que le BDSM a changé dans votre perception de vous-même ?

Que ce n’est pas grave d’être sensible, d’être touchée, d’être trop à réfléchir et à trop vouloir bien faire. Le BDSM a réuni tous mes besoins de « trop travailler, trop créer, trop ressentir et ne jamais s’arrêter ». C’est pas grave d’être quelqu’un qui vit à 2000 a l’heure constamment, j’accepte ça aujourd’hui. Le BDSM m’a permis d’accepter un caractère enfoui, non assumé, qui parfois me culpabilisait, parce que dans d’autres secteurs et dans d’autres vies, j’étais sûrement vue comme hyperactive, hyper-artistico sensible (rire). Dans cette sphère, c’est OK. Et puis, il y a un langage que je ne parlais pas beaucoup avant, qui aujourd’hui est devenu mon seul langage. La catharsis est le chemin que mes soumis et moi-même vivons chaque jour. Dans le monde vanille, on est tout de suite considéré comme des perchés spirituels sous LSD. J’ai le droit de ressentir aussi fort, j’ai le droit de vivre aussi fort, j’ai le droit de faire ce qui a du sens pour moi. C’est une perspective du véritable.

Y a-t-il une émotion ou un sentiment que vous associez particulièrement à vos pratiques ?

L’empathie, la compassion, le frisson partagé. Il suffit d’un regard de l’autre, du mien dans le sien, et nous vivons cette seconde en dehors du temps et du monde. Dans certains silences, juste avec des regards, on se dit tant de choses. C’est transcendant et le BDSM offre cette transe du sentiment murmuré.

Comment gérez-vous les moments de vulnérabilité ou de doute liés à votre rôle ou à vos expériences dans votre activité ?

J’écris. Poser sur papiers ses questionnements, ses doutes, c’est acter la conscience profonde de ceux-ci. Plus j’écris sur le sujet, plus je trouve des réponses. Mais le doute est bon, il en faut, et le jour où je ne douterai plus, mettez moi un coup de pelle et hop, au fond du jardin (rire 🤣)

Le BDSM vous a-t-il permis de guérir ou d’explorer des blessures ou des traumatismes personnels ?

Oui, je ne développerai pas. Mais oui, les aiguilles.

Auriez vous une anecdote “croustillante” à nous raconter dans le cadre de vos pratiques ?

Il y en a beaucoup trop, j’en ai fait deux tomes, tout est croustillant si on parle d’anecdotes BDSM. Voir les livres

Quels sont vos petits plaisirs absolus dans votre activité, et pourquoi ?

Le sourire de l’autre quand il voit ce que j’ai dessiné avec mes aiguilles dans son dos. Les aftercare, les re-descentes émotionnelles de l’autre.

Si vous deviez vous analyser en 3 mots, lesquels seraient ils ?

Artiste ingérable, workaholic, coeur tranché.

Que souhaiteriez-vous dire à une personne qui commence à s’intéresser à votre activité ou à vos pratiques mais qui hésite encore à franchir le pas ?

De bien se sécuriser, d’être prêt(e) aussi à voir du moche (des fantasmeurs, des harceleurs, des fanatiques mal fixés dans leurs têtes…) (rire) mais pas tant que ça. De beaucoup apprendre, car la technique c’est primordiale. De trouver son style et, surtout, de le faire par passion, pas pour du blé, parce que l’argent dans ce métier se déclare et finalement, ça devient une vraie petite entreprise où il faut être carrée, sinon la cause des TDS n’avance pas en France et sur ce point, je suis très insistante. Pour que nous soyons reconnues, il faut poser son statut, payer l’urssaf, agir en professionnelle ! Les acteurs de la sexosphère qui le font rendent notre communauté bien plus crédible. Les TDS ne gagnent pas de l’argent de poche facilement, il faut montrer l’inverse, elles répondent à une demande, une prestation concrète se fait alors, et oui, c’est un métier !

Si vous deviez résumer ou recommander le blog “paradoXe”, que diriez-vous en une phrase ?

Paradoxe ? C’est un accès à une autre culture, une autre approche, un peu plus psychologique c’est évident.

Un grand merci pour votre temps et vos partages Diane. Quel dernier message ou réflexion aimeriez vous laisser à nos ami(e)s du blog paradoXe ?

Je n’ai pas la réponse. 😁😉

Merci Diane pour cette interview paradoXe 🖤🙏❤️‍🔥


Site Web Diane Killer: www.dianekiller.com

Livre "De fil en Aiguilles" : www.amazon.fr/dp/B0CDNSFL66


Ecrit par

Olivier Pairon

À propos

Salut 👋 , je suis Olivier, un auteur passionné, hypnothérapeute, et praticien en Programmation Neuro Linguistique. Alors pourquoi le livre et le blog ParadoXe ? 😀

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À PROPOS

Bienvenue sur le blog officiel de BDSM ParadoXe, un espace dédié à l’exploration de vos désirs, de votre indivi-dualité, et de vos valeurs.

Ici, Olivier Pairon, hypnothérapeute et praticien PNL, partage ses réflexions et approfondit les thématiques de la sociologie, psychologie et philosophie en BDSM abordées dans son livre.