"Le besoin d'attachement est un besoin fondamental, tout comme le besoin d'air, de nourriture et de sommeil."
Les 5 blessures
Dans le cadre de mes activités professionnelles d’hypnothérapeute et praticien en PNL, j’ai lu "Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même" de Lise Bourbeau (autrice et conférencière québécoise, spécialisée dans le développement personnel et la psychologie du bien-être) . Ce livre, inspiré de son expérience avec ses patients (et des travaux de grands philosophes, psychiatres et psychologues), offre une approche accessible des blessures émotionnelles profondes qui influencent notre rapport au monde et aux autres.
Dans mes accompagnements, j’utilise aussi ces concepts pour aider mes patient·e·s à mieux comprendre les schémas inconscients qui se rejouent dans leur vie, et parfois, dans leurs pratiques BDSM. Car au-delà de son aspect sensoriel et relationnel, le BDSM est aussi une exploration psychologique, un espace où nos blessures de l’âme peuvent se rejouer, être mises en scène… ou transcendées.
Lise Bourbeau identifie 5 blessures fondamentales : le rejet, l’abandon, l’humiliation, la trahison et l’injustice. Ces blessures ne sont pas que des concepts abstraits ; elles ont été explorées bien avant elle par des figures majeures de la psychologie et de la philosophie. Elles sont aussi reliées à des biais cognitifs et des mécanismes de défense reconnus par la science et la psychologie.
Dans cet article, je vous propose un aperçu général de ces blessures et de leur résonance dans le BDSM. Nous approfondirons chacune d’elles dans des articles spécifiques à venir.
1. Le rejet : quand le BDSM devient un espace d’acceptation
Le rejet est une blessure qui touche l’identité même de l’individu. Jean-Paul Sartre évoquait l’importance du regard de l’autre dans la construction du soi et comment l’absence de reconnaissance peut engendrer une souffrance existentielle (Sartre, J.-P. (1943). L’Être et le Néant. Gallimard*).
Dans mes accompagnements, j’observe que certaines personnes ayant souffert de rejet trouvent dans le BDSM un cadre où elles se sentent pleinement acceptées. Cela peut se traduire par une recherche d’absolu dans la soumission, ou au contraire par un rôle de dominant·e permettant de prendre le contrôle de leur propre valeur.
Ce phénomène est lié entre autre au biais de confirmation (Tversky & Kahneman, 1974), qui nous pousse à rechercher des situations validant notre perception de nous-mêmes, quitte à répéter inconsciemment un schéma douloureux.
2. L’abandon : le paradoxe du lâcher-prise et du besoin d’attachement
La peur de l’abandon a été largement étudiée par John Bowlby, père de la théorie de l’attachement (Bowlby, J. (1969). Attachment and Loss: Vol. 1. Attachment. Basic Books*). Un attachement insécure dans l’enfance peut générer, à l’âge adulte, une peur chronique d’être délaissé·e.
En BDSM, le lâcher-prise et la soumission sont parfois des manières d’explorer cette peur dans un cadre sécurisé. Mais cette dynamique peut aussi conduire à des formes de dépendance affective si elle n’est pas conscientisée.
Par exemple le biais de négativité (Baumeister et al., 2001) explique pourquoi les expériences émotionnelles négatives marquent plus profondément notre cerveau que les positives. Ainsi, une personne ayant vécu un abandon peut inconsciemment chercher à recréer cette situation pour tenter d’en changer l’issue.
3. L’humiliation : du complexe d’infériorité à la sublimation du plaisir
L’humiliation, lorsqu’elle est subie dans l’enfance, peut engendrer un complexe d’infériorité, concept développé par Alfred Adler (Adler, A. (1927). Understanding Human Nature. Greenberg Publisher*). Certaines personnes tentent de compenser cette blessure par une quête de perfection, d’autres par des expériences où elles rejouent cette humiliation dans un cadre contrôlé.
En BDSM, l’humiliation consentie peut devenir un moyen paradoxal de reprendre le pouvoir sur une blessure passée.
Ce phénomène s’appuie sur le biais d’exposition (Zajonc, 1968) : plus une expérience est répétée dans un cadre sécurisé, plus elle devient tolérable, voire plaisante.
Ce mécanisme est aussi utilisé en thérapie d’exposition pour les phobies, où la répétition d’un stimulus anxiogène finit par en diminuer l’impact émotionnel.
4. La trahison : entre confiance absolue et contrôle de l’autre
La trahison laisse une empreinte profonde, engendrant souvent un besoin de contrôle excessif ou une difficulté à faire confiance. Niccolò Machiavel soulignait déjà que la manipulation et la tromperie sont inhérentes aux relations humaines (Machiavel, N. (1532). Le Prince.).
Dans le BDSM, la confiance est la base de toute dynamique saine. Pour celles et ceux ayant souffert de trahison, jouer avec le contrôle (que ce soit en dominant·e ou en soumis·e) peut être une manière de se réapproprier cette blessure dans un cadre maîtrisé.
Ce phénomène est en lien avec le biais de l’engagement (Cialdini, 1984) : plus nous investissons dans une relation ou une pratique, plus il nous est difficile de la remettre en question, renforçant ainsi la confiance construite.
5. L’injustice : restaurer l’équilibre à travers les jeux de pouvoir
L’injustice est une blessure souvent liée à un fort sentiment d’impuissance. Jean Piaget, dans ses travaux sur le développement moral, a montré que notre perception de la justice se construit dès l’enfance, influencée par nos expériences et notre environnement (Piaget, J. (1932). Le jugement moral chez l’enfant. PUF*).
Certaines personnes utilisent le BDSM comme un moyen de restaurer un équilibre : la dynamique de punition et de récompense peut leur donner une structure rassurante.
Ce phénomène est également lié au biais de contrôle (Langer, 1975) : nous avons tendance à vouloir maîtriser notre environnement, même dans des contextes où cette maîtrise est illusoire. Cela explique pourquoi des personnes ayant souffert d’injustice peuvent rechercher des cadres où les règles sont claires et appliquées sans arbitraire.
À retenir
Dans mes accompagnements, j’ai constaté que le BDSM est souvent bien plus qu’une simple pratique physique : c’est aussi un outil de connaissance de soi. Il met en lumière des blessures profondes, parfois inconscientes, et permet à certain·e·s de les apprivoiser, à condition d’en avoir conscience et d’agir en pleine responsabilité.
Dans les prochains articles, nous explorerons chaque blessure en détail, avec des références scientifiques et psychologiques solides, afin de mieux comprendre comment et pourquoi elles se manifestent dans le BDSM.
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Ecrit par
Olivier Pairon
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